Revue d'histoire de la Shoah. n° 181, Génocides : lieux (et non-lieux) de mémoire
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Les sites du génocide constituent l'une des matières premières des lieux de mémoire du siècle passé. Mais la politique suivie après coup autour de ces zones hantées par les massacres dit surtout le rapport d'une société à son passé, et le passage, assumé ou non, de la mémoire reconnue à une histoire libre de s'écrire. En laissant l'oubli envahir ces lieux désolés, les contemporains se sont livrés à un déni de réalité de l'horreur qui y fut perpétrée. Car sans lieux où s'ancrer et sans mots pour la dire, la mémoire s'efface et, avec elle, la réalité de ce qui fut. Mais quand elle est reconnue et quand le génocide est commémoré, rien n'assure du sens ultime revêtu par la cérémonie. Autour des lieux des génocides, quelle mémoire s'agira t-il de mettre en place pour les temps troublés qui sont devant nous: la vengeance ou le pardon, le repli ou la réconciliation, le dolorisme ou la réflexion politique?