Entre 1942 et novembre 1944, l'Allemagne nazie assassine dans les chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau plus d'un million de personnes, des luifs européens dans leur immense majorité. Un Sonderkommando (commando spécial), constitué de détenus juifs qui se relaient de jour et de nuit, est contraint d'extraire les cadavres des chambres à gaz, de brûler les corps dans les crématoires et de disperser les cendres. Quelques hommes ont transcrit ces ténèbres et ont enfoui leurs manuscrits dans le sol de Birkenau. Cinq de ces textes ont été retrouvés après la guerre Aucun de leurs auteurs n'a survécu. Ce sont trois de ces manuscrits (Zalman Gradowski, Zalman Lewental et Leib Langfus), dans une nouvelle traduction du yiddish, pour partie inédite en français, que la Revue d'histoire de la Shoah présente aujourd'hui, à côté d'autres documents essentiels traduits du polonais et de l'hébreu. «Nous les emmenons les chères sœurs, les très chères et délicates sœurs, nous les tenons sous les bras, nous marchons en silence au pas, nos cœurs battent dans le même rythme. [...] Et avant de descendre dans le bunker profond, avant qu'elles mettent le premier pied sur l'escalier qui mène à la mort, elles jettent un dernier regard sur le ciel et la lune - et un soupir profond s'arrache instinctivement des deux cœurs.»