La justice transitionnelle : de l'Afrique du Sud au Rwanda
Auteur Andrieu, Kora
Justice transitionnelle ? Connais pas.
Pourtant c'est désormais, dans les relations internationales, une
«recette» devenue comme une norme qui s'appliquerait à tout pays
sortant d'une dictature ou d'une guerre et aspirant à une vie politique
et civique pacifiée. Les pays concernés sont aujourd'hui légion :
Afrique du Sud, Rwanda, Sri Lanka, Ouganda, Libye, Côte d'Ivoire,
Égypte, Tunisie, Guinée, Maroc, sans oublier nombre de pays latino-américains
et européens - ceux autrefois dominés à l'Est par les
régimes communistes, ou l'Espagne hantée par les fosses communes
du régime franquiste.
Dans tous les cas, il a été question de «commissions Vérité et
Réconciliation», de guérison des atrocités du passé par l'expression
publique des victimes et d'éventuelles réparations financières ou symboliques,
voire de la «fonction sociale» des procès de dictateurs et
de tortionnaires.
Or la culture démocratique ne se forge pas d'emblée dans ces normes
cathartiques et la démocratie politique ne peut surgir de situations
d'inégalités sociales et économiques iniques (l'Afrique du Sud et le
Maroc le prouvent à l'envi). La justice transitionnelle n'a de chance
de devenir réalité que si, au-delà de l'expression publique, trop souvent
contrôlée, des victimes, celles-ci se transforment en authentiques
acteurs de la démocratie grâce à la satisfaction de normes et d'attentes
que sont la reconnaissance, la dignité, la tolérance, la confiance
et l'autonomie.
Voici la philosophie politique mise au défi de la réalité la plus crue,
partout, maintenant.