Que signifie se tenir debout devant Dieu ? C'est tenter de se hisser de la
sphère de l'humain vers la sphère du divin, c'est tisser un rapport avec Dieu.
Comment ? En accomplissant son devoir religieux, autrement dit en appliquant
la Loi et les commandements.
Se tenir debout devant Dieu signifie donc Le servir, ce service n'ayant d'autre
signification que le service lui-même - et rien d'autre. La tâche est elle-même le
but, et l'on ne trouve dans le noyau que ce que l'on a déjà découvert dans
l'écorce. La tâche à accomplir est donc infinie. Car l'être humain ne pourra jamais
savoir si sa propre action atteint son objectif, s'il parvient au but. Seule le regarde
la tâche qui lui incombe, le «résultat» et le «succès» de son action échappent à
son savoir tout comme lui échappent aussi l'essence de Dieu et Son nom.
Leibovitz illustre ce «sans fin», ce «sans répit»
de la relation à Dieu par le service interminable de
Yom Kippour.
Dans sa version originale, ce livre posthume de
Yechayahou Leibovitz s'intitule H'amisha sifré émouna
/ Cinq livres de foi. Il s'agit, en effet, à partir de
l'analyse de trois livres de la Bible (la Genèse et tout
particulièrement le chapitre 22, Job et l'Ecclésiaste),
du Guide des Égarés de Maïmonide et du Sentier de
rectitude de Moshé Hayim Luzzato, de présenter une
tentative de définition formelle de la notion d'émouna,
rendue, faute de mieux, par celle de foi.
Yechayahou Leibovitz était considéré comme
«l'enfant terrible» de la société israélienne tant par
ses détracteurs que par ses admirateurs. Il ne laissait
personne indifférent, que ce soit lors de ses prises de
position politiques ou dans ses ouvrages de philosophie
traitant des questions religieuses en rapport
avec la société, l'État ou la modernité.