Nice la juive : une ville française sous l'Occupation, 1940-1942 : récit
Auteur Jacques Durin
1942 L'année du Crime. La Côte d'Azur est en zone libre
et sa situation exceptionnelle devrait rendre à ses habitants,
plus qu'ailleurs, la guerre moins dure à supporter. Jusqu'au
jour où, de Vichy, Paris, Berlin, les ordres partent pour entreprendre
les premières déportations massives des Juifs venus
de toute l'Europe à Nice et dans les Alpes Maritimes.
Inattendues, brutales, sans la moindre présence
allemande, les premières rafles du mois d'août en pleine ville
et dans l'arrière-pays, provoquent la stupeur et se transforment
en cauchemar. En ville où elle habite, Louise assiste stupéfaite,
à ce qu'elle appelle un «crime». Bouleversée, elle s'en indigne
aussitôt dans une lettre qu'elle adresse à Philippe Pétain,
maréchal de France, chef de l'Etat français.
Natif de la même ville, Julien retrouve dans les archives du
Commissariat général aux questions juives, son courrier expédié
à Vichy le 1er septembre 1942. Avec le temps, celui qui
connaît toute l'ampleur du Crime va faire le récit historique de
cette course à la mort des Juifs à Nice, saisis ici et là comme
du gibier que l'on traque, que l'on s'achète et que l'on revend.
Louise, comme Zola avant elle, aura dit un jour d'août
1942 : «Mon devoir est de parler. Je ne veux pas être complice.» En
témoignant à son tour pour elle devant l'Histoire, Julien rappellera
ce que fut à Nice la responsabilité française dans la
mise en oeuvre de la Shoah.