Sous l'Occupation, Paris ne reste pas silencieux. Peu après l'installation
des Allemands, les musiciens reprennent leurs activités comme l'ensemble
des artistes. Les salles de concerts et les studios radiophoniques et
d'enregistrement se remettent à fonctionner. Dans ce contexte, nombre
d'interprètes et de compositeurs français bénéficient de conditions de
travail inédites, profitant de l'absence de concurrence étrangère conjuguée
à la mise à l'écart des oeuvres des compositeurs, morts ou vivants, exclus
par les lois scélérates.
Centré sur la musique savante, cet ouvrage collectif traite de la diffusion
de la musique, grâce à des études sur quelques sociétés de concerts
spécifiques à cette période, sur des oeuvres du répertoire, sur la création
contemporaine et sur le rôle de certains interprètes. Il met en évidence les
personnalités de Francis Poulenc, Olivier Messiaen et Arthur Honegger
ainsi que d'Alfred Cortot, Germaine Lubin, Charles Munch et Wilhelm
Kempff, en insistant sur les ambiguïtés entretenues rétroactivement par
certains acteurs de la vie musicale sur leur carrière pendant les années
noires. Il analyse également la manière dont quelques grandes figures du
passé (Mozart, Berlioz, Wagner) sont susceptibles de s'inscrire dans un
discours de propagande, largement véhiculé par les critiques et les musicologues.
Cette réflexion sur la trace mémorielle d'une époque se clôt par
l'évocation de deux débats récents, qui montrent que ce passé passe
difficilement.