Des films pour le dire : reflets de la Shoah au cinéma, 1945-1985
Auteur Drame, Claudine
Quand les mots ne sont pas là pour le dire, quand ils ne sont pas entendus ou
quand on n'a pas envie de les entendre, le cinéma peut-il prendre leur place ?
De la fin de la Deuxième Guerre mondiale à 1985, quand, comment et pourquoi
le cinéma s'est-il intéressé, en particulier en France, à la destruction des juifs
d'Europe ?
Les Actualités cinématographiques circonscrites à quelques mois de l'année
1945, avec leur brutalité, font figure de berceau de représentations. Après
dix ans de silence, le cinéma français tente d'aborder directement la question
en expérimentant la forme documentaire (Nuit et Brouillard), la fiction (L'Enclos)
et le témoignage filmé (Le Temps du Ghetto). Les années 70 et 80 voient des formes
plus allusives de représentation : les évocations de la Shoah se situent toujours
en arrière-plan d'une narration concernant l'Occupation (Le Vieil Homme et
l'Enfant, Lacombe Lucien, Les Guichets du Louvre, Un Sac de billes, Monsieur Klein,
Les Violons du bal, La Passante du Sans Souci...) pour aboutir à une représentation
et une «vérité» plus dépouillées : le témoignage filmé. Claudine Drame analyse
ainsi quarante ans de cinéma jusqu'au moment où sort le film de Claude
Lanzmann, Shoah, en 1985. Ainsi se dessine la trace de la construction d'une
mémoire sociale par le cinéma.